Le dernier point à l’ordre du jour du Conseil communautaire d'Est ensemble du 30 novembre 2010 (mais celui pour lequel les habitants étaient encore venus très nombreux) était l’adhésion d’Est ensemble au SEDIF. Cette séance du conseil communautaire avait été convoquée en toute urgence par Kern, après l’irruption citoyenne de la semaine précédente. Une cinquantaine de vigiles de la société Enyce gardait l’entrée de la salle (la démocratie crée de l’emploi !). A l’intérieur, des barrières protégeaient les élus de « leurs » citoyens. Des échauffourées ont d’ailleurs eu lieu à l’extérieur devant l’impossibilité pour les citoyens venus assister d’entrer effectivement.
Bertrand Kern (président d’Est ensemble, PS, Pantin) commence par rappeler le débat du 9 novembre et que tous les maires continuent à vouloir laisser la compétence eau à Est ensemble, tous veulent une gestion publique (faux !), un débat digne (la salle rit, les vigiles bougent). Entre le début et la fin pour Paris, il a fallu 6 ans… Est ensemble n’a pas de locaux, cela nous retarde (très drôle). « Nous avons fait le maximum dans un minimum de temps ». « Je m’engage à travailler dans ce sens-là (la régie publique), d’ores et déjà j’ai rendez-vous avec Bertrand Delanoë qui a souhaité me voir en tant que président d’agglo sur cette question » (là on se dit qu’on a du mal entendre, sinon ça signifie que c’est Delanoë qui a demandé rendez-vous à Kern…). « Ce soir vous avez deux délibérations qui essaient de concilier ce débat…
Marie-Geneviève Lentaigne : au nom du groupe Ecologie et Citoyenneté, et conformément au règlement je demande que la délibération de Mme Voynet (proposée vendredi 26 et relayée par la presse) soit soumise au vote.
Kern : Le texte est disponible où ? (la salle : il ne connaît pas son dossier !)
Les Verts font distribuer leur délibération que Kern avait reçue déjà… et qu’il ne mettra pas aux voix !
Alain Calles (Les Verts, Montreuil) : « lors du dernier débat une forte majorité des intervenants s’est exprimée pour un retour en gestion publique avec une convention provisoire comme cela est juridiquement possible. Cela nous permettrait d’améliorer les études que certains ont trouvé dirigée vers l’adhésion au SEDIF ». Il signale dans le rapport un prix de 1,39€, faux, des coûts de sortie du SEDIF qui vont de 1 à 10… « Je ne doute pas de la volonté de nous tous de faire moins cher pour la population ». Je ne doute pas des élus PC et PS, ni de leur volonté de réduire la coupure entre citoyens et élus. (attends la fin du vote, tu douteras…)
Dominique Attia (Alter-agglo93, Montreuil): nous voterons pour la proposition pour une régie publique, nous voterons contre le retour au SEDIF. Engagées dans Alter-Agglo93, réseau de citoyens, d’associations et de partis politiques, nous avons toujours pris position pour la régie publique. Les principaux groupes de gauche le clament la main sur le coeur mais certains ont du mal à passer à la pratique. On nous propose d’entrer au SEDIF pour en sortir deux ans après… Mais imagine-t-on d’ailleurs que les élus de gauche siégeant aux côtés de Santini soient pour notre sortie, alors que tant de pressions sont exercées et que leurs prix augmenteraient ? ! Autant ne pas y entrer ! L’eau ne serait pas servie ? Absurde d’imaginer VEOLIA et le SEDIF le faire. Par arrêté, M. le président (Kern) vous pourriez les réquisitionner. Pour janvier 2011, on ne pourra pas être membre, il faudra bien une convention, dont vous disiez qu’elle n’était pas possible pour la régie publique ! Retourner au SEDIF, c’est capituler devant les riches.
Catherine Peyge (PC, Bobigny) : oui au droit à l’eau, et même on pourrait parler de gratuité. L’eau a été confiée au privé depuis longtemps. Nous devons apprendre à travailler mieux ensemble autrement. Nous partageons la volonté de sortir du SEDIF, qui confie sa gestion à VEOLIA (ce n’est pas ce que dit le représentant du PC au SEDIF, Gilles Poux…). C’est possible grâce à Est ensemble, nous avons renforcé notre capacité de négociation. Notre communauté a encore besoin de temps pour sortir du SEDIF, une période transitoire (de 12 ans ? 20 ans ?) (La salle : Trahison ! Tu n’as pas honte ! )
Daniel Bernard (Parti de Gauche, Bagnolet) : Je fais le bilan des réunions : j’y ai rencontré beaucoup d’habitants pour une régie publique, peut-être que d’autres sont pour le SEDIF et VEOLIA, donc il fallait une consultation, un referendum, comme je l’ai déjà demandé. Eaux de Paris s’est engagé à ne pas monter son prix de l’eau, le SEDIF peut augmenter chaque trimestre (17% en 6 ans !) Et quand le SEDIF obtient une baisse de VEOLIA, ce sont les salariés qui paient la note. Si le Oui au SEDIF l’emportait, il faudrait une motion de soutien aux salariés en lutte de VEOLIA. A gauche, tous sommes engagés pour le service public (la salle : pas tous !), nous divergeons sur le chemin. Sur la délibération qui propose la création d’un poste d’ingénieur (pour « étudier » l’idée d’une régie), je m’abstiendrai parce que la délibération sous-entend d’adhérer au SEDIF
Gilbert Roger (PS, Bondy) nous n’avons pas fait de débat aux municipales pour sortir du SEDIF (ni pour faire l’intercommunalité !). Il n’y a pas d’alternative immédiate : nous sommes soit clients d’Eaux de Paris soit du SEDIF. Quant à la réquisition, c’est toujours pour des durées contraintes dans le temps, pas pour des temps longs. Je suis satisfait que le maire de Paris nous reçoive et j’espère que le conseil de Paris ouvrira la gouvernance à d’autres villes (ça change quoi ? On sera au SEDIF de toute façon!). Dans la délibération, on prend un ingénieur, on permet une sortie d’une ville, on continue à étudier la régie publique (sous-entendu : « que voulez-vous de plus ? »), est-ce que nous n’avons pas confiance en nous, je ne crois qu’il y a d’un côté les bons et les blancs et de l’autre les méchants… Si Est ensemble redonne la compétence aux villes en 2014 (La salle : vendu ! cumulard ! menteur !), elles sortiront d’elles-mêmes.
Dupont (UMP) s’exprime pour le SEDIF, contre la « foule », inaudible tellement il a été hué (la salle : il n’est pas vendu, il est à jeter ! UMP-PS !).
Jacques Champion (prétendue gauche citoyenne, parti de la mairesse de Romainville), défend l’idée qu’il faut adhérer au SEDIF pour y peser (9 sur 143, ça fait une majorité ?). Il faut du temps pour vérifier si la régie est possible (la salle chante bla-bla-bla- bla-bla), réadhérer au SEDIF ce ne sont pas des suppôts du Capital. (mais au fait, sa mairesse n’avait-elle pas expliqué qu’il ne fallait pas de régie du tout lors du débat du 9 novembre ?!)
Marc Everbecq (PC, Bagnolet) je considère que ce n’est qu’un premier débat, parce que nos valeurs de services publics, de justice, etc. sont partagées par tous les maires de l’agglo, pour moi ce n’est pas une décision définitive, les attentes citoyennes sont fortes sur ce sujet. Je voterai contre l’adhésion au SEDIF. Il nous aurait fallu donner plus de données pour l’étude. Je m’abstiendrai sur la délibération portant création d’un poste d’ingénieur parce que cela suppose le SEDIF, mais les élus de Bagnolet sont disponibles pour parvenir à l’objectif de sortir du SEDIF.
Carole Brevière (MODEM) : je ne peux pas me satisfaire de la seule étude CALIA, mon vote sera responsable, pour les habitants, pragmatique, sans dogmatisme, indépendant etc. (elle s’excuse déjà…). Elle critique ensuite le fait que le PS n’a pas été cohérent en ne faisant pas une étude suffisante assez tôt. Elle déclare voter pour la « ré-adhésion » au SEDIF (on l’avait deviné…)
Dominique Voynet (Les Verts, maire de Montreuil) rappelle que les élus au SEDIF se sont résignés, parfois confortablement. « Les études faites ont pu être démontées très facilement en prenant nous-mêmes des contacts ». Il a fallu attendre mi-octobre pour des contacts, alors que nous-mêmes n’avons eu aucun mal à avoir des rendez-vous. Nous avons perdu 8 mois. Nous sommes hors-délai quel que soit le choix (adhésion au SEDIF ou Eaux de Paris). Impossible de faire une convention ? Le SEDIF ne voudrait pas ? Mais aucune négociation n’a été entamée ! On devrait passer des marchés ? Mais on serait autonomes pour choisir ! Est ensemble demande au préfet d’accorder une convention de 3 mois avant de retourner au SEDIF, il est donc possible de passer une convention de 6 mois pour passer des appels d’offre !
Je veux des garanties :
- une eau de qualité et un entretien du réseau (alors qu’il faudrait actuellement 2 siècles et demi pour renouveler le réseau)
- la possibilité de sortir dans 2 ans du SEDIF
- la possibilité si Est ensemble reste au SEDIF, qu’une commune en sorte ?
Je ne doute pas de la bonne volonté, sinon il faudrait mettre un terme à Est ensemble, ce n’est pas ce que nous voulons.
M. Péries (chevènementiste, Pantin) : il n’y a pas de capitulard à Est ensemble. Eaux de Paris travaille encore avec des éléments de Veolia alors qu’il faut une régie où rien ne soit laissé au privé (la salle est morte de rire : gauchiste !), c’est pourquoi il veut retourner au SEDIF.
Jacques Jakubowicz (PC, Bondy), le vote de ce soir est un choix concret : soit le public soit la multinationale VEOLIA
Georgia Vincent (UMP, Bondy) : Quand on a annoncé la création d’Est ensemble à Bondy, j’ai émis des réserves –notamment sur la fiscalité-, en ne sachant pas si on avait bien réfléchi… Pourquoi pas tenter l’aventure ? Mais ce soir la majorité se bat, n’est pas soudée. Le débat pour ou pas VEOLIA est un faux débat, ce sont des enjeux de pouvoir. Eaux de Paris ou VEOLIA ? Qui peut concurrencer VEOLIA ? Où est l’intérêt d’Est emble (la salle : payer l’eau moins chère !)? Mme Voynet je vous trouve assez irresponsable (la salle : tu ne connais pas le dossier !). Signalons que Mme Vincent, comme les élus PS de Bondy a toujours refusé de rencontrer les 5 associations de sa ville pour connaître les arguments des 900 Bondynois qui ont signé la pétition pour une régie publique…
Mariama Lescure (Alter-agglo93, Le Pré-Saint-Gervais) : le « principe de réalité » est souvent l’expression utilisée pour justifier tous les renoncements ! Cette assemblée majoritairement de gauche pourrait ne pas déléguer l’eau au privé. Vous savez tous les conséquences sur les hommes et les outils des contrats choisis au moins-disant, comme aujourd’hui VEOLIA avec ses salariés. Seule une gestion publique permet la garantie des salariés, l’eau au prix coûtant. Que la gauche ne tienne pas un discours aux élections et un autre dans les décisions.
Pierre Desgranges (Verts, Montreuil) : peut-on sortir du SEDIF ? VEOLIA a intérêt à l’augmentation du nombre de ses clients à cause des coûts fixes (Est Ensemble représente 6 millions d’euros pas an), donc c’est un argument fort pour ne pas laisser sortir.
Les indices de VEOLIA favorisent l’augmentation des prix. D’autre part, le dossier ne peut pas être voté puisque la délibération 9 suppose déjà que le conseil a voté la délibération 10. Je me tourne vers Jean Jaurès qui est à côté (les pancartes des citoyens présents): « n’ayant pas la force d’agir, ils dissertent », je vous invite à avoir la force d’agir.
Daniel Guiraud (PS, Les Lilas), nous ne pouvons pas prendre le moindre risque avec l’eau à cause de la sécurité incendie (la salle éclate de rire et chante Pimpon ! Pimpon ! Pimpon !). Nous devons prendre le temps de faire des études.
Kern : je voyais la délibération 9 (sur le poste d’ingénieur) comme politique et la 10 (sur l’adhésion au SEDIF) comme une délibération de gestion (très fort ! Il admet que la délibération politique ne sert à rien et la gestion se fera par l’adhésion au SEDIF !)
53 votent pour l’adhésion au SEDIF : UMP, PS, MODEM, une minorité du PC (Bobigny et Le Pré-Saint-Gervais).
38 votent contre : Ecologie et citoyenneté, Alter-agglo93, le Parti de gauche, et une majorité du PC.
Les habitants ne désarment pas en quittant la salle aux cris de « et maintenant au tribunal ! Et maintenant aux cantonales ! »
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